Quelles différences entre la RT 2012 et la RE 2020 pour les logements neufs ?

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A quoi faut-il s’attendre avec la RE 2020 ?

La RE 2020 est la nouvelle réglementation environnementale qui s’appliquera aux constructions neuves, et notamment aux logements, à partir de janvier 2022. Elle succèdera ainsi la RT 2012, qui restera en vigueur jusqu’au 31 décembre 2021. Cette annonce a été officialisée par l'État cet été avec la parution au Journal Officiel des règles de calcul des nouveaux indicateurs.

La RE 2020 : un tournant majeur pour les constructeurs

La RE 2020 va constituer une petite révolution pour le monde de la construction, en changeant complètement la façon dont sont conçus et construits les bâtiments, et plus particulièrement les logements. Si la RE 2020 reprend un certain nombre d’indicateurs déjà utilisés dans la RT 2012, elle introduit de nouveaux indicateurs et sera également plus exigeante sur les indicateurs existants.

L’objectif est multiple : améliorer le confort thermique des habitants, notamment en été, et réduire l’impact carbone des logements tout au long de leur durée de vie, que ce soit lors de leur construction, de leur occupation ou de leur démolition. Si pour les constructeurs, l’arrivée de la RE 2020 va entraîner une complexification des calculs réglementaires, un certain nombre de changements seront aussi visibles pour les acheteurs.

L’évolution des matériaux de construction

D’une part, les matériaux utilisés pour construire vont changer. La RE 2020 valorise les matériaux dits “biosourcés”, c'est-à-dire les matériaux comme le bois, le chanvre ou encore la paille grâce à leur faible impact environnemental. Produits en France ils constituent des “puits de carbone” en captant du CO2 lors de leur croissance. Certains de ces matériaux sont même des sous-produits agricoles et permettent de limiter le gaspillage.

Ils seront ainsi utilisés à la fois pour les aspects structurels de la maison (murs, charpente) que pour l’isolation. Ainsi, si vous souhaitez faire construire dans les années à venir, attendez-vous à vivre dans une maison en bois. Dès 2022, l’usage des matériaux comme le béton ou le ciment sera beaucoup plus limité qu’à l’heure actuelle, et la construction d’une maison traditionnelle entièrement en parpaings ne sera plus envisageable.

Comme la RE 2020 prévoit une diminution progressive du seuil d’émissions carbone jusqu’en 2030, il faut s’attendre à ce que les matériaux les plus polluants disparaissent peu à peu des bâtiments neufs, et que les industriels fassent évoluer leur processus de fabrication pour les rendre plus vertueux d’un point de vue environnemental.

L’évolution des modes de chauffage

En second lieu, la RE 2020 va impliquer une évolution des modes de chauffage : les chaudières fonctionnant grâce à des énergies fossiles comme le gaz, le fioul ou le charbon ne pourront plus être installées à cause de leur impact environnemental trop important. En effet, lorsqu’elles sont brûlés, ces sources d’énergie libèrent une quantité importante de gaz à effet de serre.

De même, les radiateurs classiques (convecteurs à effet Joule), présentant un rendement énergétique assez médiocre, ne seront plus autorisés comme mode de chauffage principal, car ils entraînent régulièrement des pics de consommation d’électricité en plein hiver, et obligent à avoir recours à des centrales à charbon. Ce seront donc principalement les pompes à chaleur et les poêles à granulés, à l’empreinte carbone beaucoup plus faibles, qui seront installés comme modes de chauffage. Comme les maisons seront par ailleurs mieux isolées, se rapprochant de plus en plus d’une maison passive, elles n’auront pas des besoins en chauffage très importants.

L’absence de climatisation artificielle

Tout comme les chauffages électriques, l’installation de climatiseurs ne sera pas autorisée avec la RE 2020. En effet, la climatisation artificielle est également très énergivore, et a un bilan carbone important. Dans les régions les plus chaudes, notamment le sud de la France, Il faudra donc opter pour des systèmes de climatisation naturelle comme les pompes à chaleur réversibles ou encore les puits climatiques. Le confort d’été sera en effet un indicateur pris en compte par la RE 2020, et les constructeurs devront soigner la conception des maisons afin de garantir une température agréable hiver comme été.

La ventilation sera aussi particulièrement soignée afin de garantir un renouvellement de l’air optimal et une bonne qualité de l’air intérieur pour les habitants.

Une conséquence directe sur le prix des logements neufs

En imposant un certain nombre de contraintes sur le choix des matériaux et des modes de chauffage, la RE 2020 limite les options dont disposent les constructeurs. Or, les matériaux et modes de chauffage désormais interdits figuraient parmi les moins chers du marché, et étaient utilisés par de nombreux constructeurs. Ils vont donc devoir a priori répercuter ce surcoût, estimé entre 5 et 10% du prix total, sur la facture de leurs clients. Si vous souhaitez faire construire avant l’entrée en vigueur de la RE 2020, il vous faudra donc déposer votre demande de permis de construire avant le 31 décembre 2021.

Mais il ne faut pas uniquement voir le fait de faire construire une maison RE 2020 comme un synonyme d’une maison plus chère : grâce à ses très bonnes performances thermiques et énergétiques, une maison RE 2020 sera très agréable à habiter au quotidien, et permettra d’économiser au long terme, notamment sur ses factures d’électricité. Dans un contexte de forte hausse du coût de l’énergie, cela pourra être également valorisé lors de la revente et constituer un argument de poids auprès de potentiels acheteurs, de plus en plus sensibles à la “valeur verte” des biens immobiliers.